Le Festival

Les Urbaines

EDITORIAL

Les Urbaines sont une invitation à la déambulation et à l’errance. A travers un cheminement reliant les lieux de cette édition, l’errance est propre à l’expérience du festival : elle n’égare pas forcément, mais elle mène à la rencontre de l’inconnu, laisse place à la surprise. En investissant également des espaces exempts de codes et d’expectatives propres au domaine artistique, tels que les Halles Nord de Beaulieu, les Jumeaux au Flon, le Corso à Renens, la Chapelle de Chavannes ou l’espace public, le festival cherche à s’affranchir des conventions établies dans un idéal de liberté, en écho à une programmation entièrement dédiée à la découverte. C’est là la raison d’être des Urbaines, faire autre chose que nous conforter dans ce que l’on connaît, autre chose que proposer ce que l’on semble déjà vouloir. Dans cette idée, il y a une ambition, celle de la prise de risque. L’exigence artistique est élevée, mais puisque c’est une exigence de surprise, d’essai, de tentative, c’est une exigence qui laisse aussi la place au « plantage », indissociable de l’expérimentation. Les Urbaines sont donc un pari sur la nouveauté, l’originalité. Et cette ambition de la tentative est essentielle, car une culture qui n’a plus pour idéal de se renouveler est une culture morte. Une culture qui n’est plus contestée ni modifiée n’en est plus une. C’est la nouveauté qui la fait perdurer.

Chercher à trop définir cette nouveauté et les questionnements qui traversent les artistes présenté.e.x.s cette année serait gâcher la découverte. Mais l’on peut observer que la notion de récupération est au centre des préoccupations. La nouveauté consiste le plus souvent à reconfigurer de manière inédite des matériaux ou des codes existants. Dans cette perspective, nombreu.se.x.s sont les artistes de cette édition qui interrogent l’idée de récupération esthétique, réinvestissent des styles (emo, gothique, BCBG,...), complexifient et politisent des contenus de divertissement ou de patrimoine, s’adonnent aux expérimentations formelles, repensent les modes d’interagir. Nombreu.se.x.s sont également celleux qui cherchent à résister à la récupération mercantile, au dépouillement de sens et à la dépolitisation des esthétiques nouvelles et marginales une fois celles-ci digérées par le marché. Dans cette optique, nous voyons les artistes investir dans une visée politique les idées de dissimulation, de camouflage, de déguisement ou de dépassement des limites corporelles. Nous les voyons avancer masqué.e.x.s, transformé.e.x.s, grimé.e.x.s pour mieux subvertir le système et nous y confronter de manière décadrée. Suivons-les.

Excellent festival !

Ysaline Rochat & Samuel Antoine

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